Donald Trump continue d’ignorer la dangerosité de l’épidémie, en accumulant des propos incohérents et agressifs à l’égard de la crise sanitaire, qui frappe majoritairement la population Afro-américaine.
L’impétueux Donald Trump n’avait visiblement pas anticipé le terrible bilan humain de plus de 16 000 morts provisoires dans son pays. Malgré les mesures de confinement progressivement mises en place, Etat par Etat, 1783 morts ont été recensés au cours des dernières 24 heures. Dans ce contexte cauchemardesque, une nouvelle problématique émerge : celle d’une distanciation sociale qui semble heurter la population Afro-américaine, particulièrement touchée par le Sars-cov-2. L’Etat de New York, le plus affecté par l’épidémie, a décidé de ne pas publier de statistiques par ethnicités (Noir, Blanc, Asiatique, etc.), qui sont d’habitude prises en compte dans les domaines de l’économie, de l’éducation et de la santé. En Louisiane ou à Chicago, 70% des personnes décédées étaient noires. En Caroline du Nord, 31% des morts l’étaient, alors qu’ils n’y représentent que 22% de la population.
Ces chiffres alarmants se justifient par des inégalités socio-économiques, auxquelles cette frange de la population est confrontée, la privant d’un accès aux soins, d’une qualité alimentaire ou de logements décents. Dans les quarttiers pauvres et noirs, les médecins et les hôpitaux sont de moindre qualité, tout comme l’accès aux sites de dépistage qui reste difficile. Une ancienne étude, publiée dans l’American Journal of Public Health, l’a démontré :« Plus de 886 000 décès auraient pu être évités de 1991 à 2000 si les Afro-Américains avaient reçu les mêmes soins que les Blancs. » Le contexte épidémique incite à mettre de nouveau en évidence cette disparité de longue date. « L’écart de richesse n’est pas seulement une question de mérite et de réussite, cela relève également de l’héritage historique du racisme aux États-Unis », a toujours soutenu le professeur de sociologie et de politique sociale de l’université américaine Brandeis, Thomas Shapiro.
Les Afro-Américains habitent le plus souvent au cœur des quartiers denses, dans de petits logements : « Beaucoup d’Américains noirs et d’autres communautés de couleur n’ont pas le privilège de pouvoir se confiner à la maison », ont écrit des centaines de médecins et l’organisation de défense des minorités, Lawyers Committee for Civil Rights Under Law, dans une lettre adressée au secrétaire américain à la Santé. « Un fossé s’est ouvert très rapidement entre les ‘Cols blancs’ qui travaillent sur leur ordinateur portable de chez eux et s’inquiètent de devoir annuler les vacances de Pâques. Et ceux qui vivent au jour le jour et s’inquiètent de la façon dont ils vont nourrir leurs enfants et de se retrouver sans abri », a indiqué la journaliste Afua Hirsch au Guardian.
L’alimentation est dans ce même sens un problème majeur de cette catégorie socio-professionnelle. Lutter en permanence contre des problèmes de santé récurrents, liés à la nourriture, devient habituel pour eux. Jérôme Adams, administrateur afro-américain de la santé publique des Etats-Unis, a lui-même fait part de sa santé fragile, en indiquant : « Je l’ai déjà dit, je fais moi-même de l’hypertension. J’ai une maladie du cœur et j’ai déjà passé une semaine en réanimation à cause d’un problème cardiaque. Je fais de l’asthme et suis prédiabétique. J’illustre ce que c’est que de grandir pauvre et noir en Amérique. »
Trump en action différée
Durant presque trois mois, Donald Trump a nié la pandémie de coronavirus. À défaut d’avoir mis hâtivement en place des actions concrètes pour y pallier, le président américain insiste sur le fait que les Américains doivent le plus rapidement possible retourner travailler. La réalité n’est pas si évidente. Durant la crise sanitaire, 150 millions d’Américains bénéficient d’une assurance santé financée par leur employeur. L’explosion du chômage va donc incessamment sous peu priver les 16 millions de chômeurs qui viennent d’arriver de leur couverture santé. Certains évoquent la possibilité d’un taux de chômage à 20% : du jamais vu depuis les années 1930 dans l’histoire des Etats-Unis.
Pour l’instant, le taux de la moyenne mensuelle de mars est passé de 3,5% à 4,4% en seulement un mois. Alors que l’économiste en chef à la Saxo Bank l’estime plutôt aux alentours de 10%. Le plan de soutien et de relance de 2000 milliards de dollars, voté en urgence par le Congrès fin mars, permettrait d’attribuer des chèques aux ménages, d’aider massivement les entreprises et d’étendre les droits des chômeurs. Il mettra toutefois du temps à se concrétiser.
Donald Trump, s’est également félicité, jeudi 9 avril, de la situation du nombre de tests « très sophistiqués et très précis » réalisés aux Etats-Unis. Le groupe de chercheurs sur le coronavirus de la Maison Blanche a publié ce même jour un avant-goût des données des tests. Les scientifiques ont révélé que les Américains plus âgés sont susceptibles d’avoir un résultat plus positif que les autres tranches d’âge. L’administration Trump a également autorisé les pharmacies à rechercher des tests de dépistage et de sérologie. Or, le réel problème se trouve du côté du système de santé américain, qui ne permet pas de remboursements. Un grand nombre d’Américains poursuivent leur activité professionnelle, bien qu’ils soient atteints du virus, pour ne pas voir leur salaire baisser. Un facteur qui augmente sérieusement les risques de transmission de la maladie.
Emma, étudiante à Georgia Southern University, en Georgie, décrit un nouvel élément de propagation du virus : « Nous avons l’ordre de rester à la maison et de sortir si c’est nécessaire, sans attestation. Mais ce n’est pas vraiment respecté, car lorsque je sors pour aller au travail, il y a beaucoup de monde. Les forces de l’ordre ne contrôlent pas assez avec vigilance. » Elle poursuit : « Les gens ne respectent pas non plus l’étude de la bible en ligne. Dimanche dernier, le pasteur de l’Église de Statesboro a continué ses services. Plus de trente personnes étaient présentes, elles se sont fait prendre par la police et ont dû payer une amende. »
Cette pandémie planétaire sera à n’en pas douter catastrophique pour la première économie mondiale. Le changement, qui en résultera nécessairement, peut sonner le glas du système politique américain.
Diplômée d’un DUT information-communication, je poursuis mes études en deuxième année de journalisme.