Économie

Le football amateur en stand-by

A l’instar de leurs homologues du monde professionnel, les footballeurs amateurs sont sur la touche après la suspension de leurs championnats respectifs. Une situation dont les clubs et les joueurs pâtissent tant bien au niveau des organismes que sur l’aspect économique. En l’attente d’une décision de la Fédération Française de Football quant à l’arrêt définitif ou non des compétitions pour cette saison, les différents acteurs du ballon rond demeurent plus que jamais dans l’expectative, à leur grand désarroi.

L’épidémie du Covid-19 met le football amateur sur la touche © Capri23auto / Pixabay

« Tout va très vite dans le foot ». Voilà un poncif très répandu dans l’univers du football mais qui ne prend absolument pas son sens actuellement tant les événements tournent au ralenti. Si chez les professionnels, la situation tendrait à se décanter avec une reprise des compétitions envisagée cet été, il n’en est rien pour le monde amateur, qui attend désespérément une prise de décision de la FFF (Fédération Française de Football) quant à une éventuelle reprise ou non des compétitions.

Le président de la « 3F », Noël le Graët a annoncé, dans une interview donnée à FootAmateur.fr, qu’une décision sera prise avant le 15 avril. L’allocution d’Emmanuel Macron, prévue lundi prochain, pourrait bien sceller définitivement le sort de la saison du football amateur d’autant plus que l’Elysée a annoncé ce mercredi à l’AFP que le confinement de la population allait bien être prolongé au-delà du 15 avril.

Des conditions d’entraînements particulières

Toujours est-il que dans ce climat d’incertitude ambiante, les entraîneurs et éducateurs essayent tant bien que mal de rester en contact avec leurs poulains en leur concoctant des séances d’entraînement adaptées, en vue d’un éventuel retour sur les rectangles verts. « Je reste en contact régulier avec mes joueurs, confie Ramadhane Agrebi, éducateur au Montfermeil Football Club. Je les encourage à poursuivre la pratique du sport à la maison en faisant des abdos, des pompes ou encore des squats pour garder la forme, c’est très important. »

Si ces exercices physiques à domicile s’imposent en cette période de confinement, ils ne peuvent en aucun cas se targuer de pouvoir remplacer complètement les traditionnels entraînements sur pelouse. Pour ce faire, certains « footeux » déterminés et amoureux du risque, n’hésitent pas à braver les règles du confinement en allant même jusqu’à s’introduire clandestinement dans les enceintes sportives afin de s’entraîner dans des conditions plus optimales.

« Je suis un mordu de football et ce confinement est on ne peut plus compliqué pour moi, confie Amine, joueur montreuillois de 23 ans. J’ai besoin de toucher le ballon et de m’entraîner convenablement, donc je me rends dans un stade. Ce-dernier est évidemment fermé, mais il y a un petit trou par lequel je peux m’introduire et puis profiter du calme et de la solitude pour m’entraîner dans des conditions qui ressemblent à ce que je connais en club. » Un acte lourdement condamnable mais pleinement assumé.

Un avenir financier en pointillés

Au-delà des conséquences purement sportives et logistiques du Covid-19 sur le football, la dimension économique suscite légitimement beaucoup de questions chez les dirigeants des 15 000 clubs amateurs affiliés à la Fédération Française de Football. Représentant une grande partie des ressources financières pour la plupart de ces clubs, les subventions publiques « continueront à être versées normalement », assure Ahmed Hadef, président du Montfermeil F.C.

Cependant, cette inquiétude grandissante est principalement due aux difficultés que rencontrent les sponsors pour assumer leurs engagements. Ces derniers constituent un soutien important pour certains clubs, qui voient désormais leur avenir financier s’obscurcir dans les prochains mois, ne serait-ce que pour se fournir en équipements primordiaux à la pratique du football. En réponse à ce cri du désespoir, la FFF a annoncé le déblocage d’un fond spécial destiné à épauler les équipes départementales, régionales et des trois divisions nationales (National 1, 2 et 3).

Le montant de cette enveloppe se situerait entre 12 et 15 millions d’euros selon les informations du journal l’Equipe. Une nouvelle d’apparence salvatrice, mais qui ne ravit pas pour autant des dirigeants toujours sur leurs gardes. « Ce n’est clairement pas assez à mon sens. 15 millions c’est bien beau. Mais comment seront-ils distribués ? Comment seront-ils partagés ? Il faut être patient et ne pas s’enflammer », déplore le président du club montfermeillois.

Un discours sans langue de bois, témoignant quelque peu de l’atmosphère morose qui règne dans le « football circus » et dans la société ces dernières semaines. Loin des ambiances chaudes des derbys régionaux du dimanche et de l’ambiance joviale des traditionnelles buvettes, l’heure est à l’exécution des grandes manœuvres pour le futur proche du football amateur.

Le destin de la tumultueuse saison 2019-2020 dépendra donc grandement des décisions à venir d’Emmanuel Macron qui troquera, le temps d’une soirée, le costume de président de la République pour celui d’arbitre. Du moins aux yeux des dirigeants de clubs…

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