Culture

L’avenir incertain du spectacle vivant

Tout un monde s’écroule : celui des professionnels du spectacle vivant et de la culture. Comédiens, metteurs en scène, techniciens ou monteurs, tentent de survivre à la crise sanitaire.  

Depuis des semaines, dans un contexte épidémique, les salles de théâtre sont totalement désertées et fermées au public. Les intermittents du spectacle, composés autant de corps de métiers que de personnes, se déclarent soucieux pour les mois à venir. L’équipe du Printemps des Comédiens de Montpellier, a annoncé l’annulation de son festival de théâtre, prévu du 29 mai au 27 juin. Dans une présentation en vidéo conférence mercredi 8 avril, le directeur du Festival d’Avignon, Olivier Py, a quant à lui annoncé croire en la possible tenue de l’emblématique festival de théâtre, avec « l’énergie de l’espoir, pas du désespoir.» Il vient d’ailleurs de dévoiler sa très ambitieuse programmation.  

L’intermittent du spectacle, artiste ou technicien travaillant pour des entreprises du spectacle vivant, du cinéma ou de l’audiovisuel, bénéficie, suivant des critères d’heures travaillées (507 heures par an), d’allocations chômages. Durant la période de confinement, les heures qui étaient prévues ont dû être annulées pour la plupart d’entre eux. Nicolas Laurent, metteur en scène associé au CDN (Centre dramatique nationale) de Besançon, avait planifié ce mois-ci un certain nombre d’heures de répétitions pour son prochain spectacle, ainsi que des activités scolaires. Il devait renouveler ses droits d’allocations au mois d’avril, afin de pouvoir bénéficier à nouveau de l’intermittence. Confronté à la crise sanitaire, le ministère de la culture a annoncé neutraliser la période de confinement, pour le calcul des indemnités et d’heures. 

Nicolas Laurent l’explique : « Avant le Ministère de la culture, il y a les structures culturelles, comme le CDN de Besançon qui, pendant la période de confinement, a décidé d’honorer des contrats. C’est-à-dire qu’elle s’est engagée, malgré tout, à payer ses intermittents. » Le CDN de la capitale Franc-comtoise, tente de reporter les spectacles annulés à la saison prochaine, en s’adaptant à la programmation déjà établie. « Ce théâtre est assez exemplaire en la matière » assure le metteur en scène. Il poursuit : « Nous espérons cependant que d’autres mesures viendront de la part du ministère, car toutes les heures annulées seront perdues », la sécurité financière n’étant pas garantie pour eux à la fin du confinement.  

Les spectacles en suspens  

Dans ce même sens, à Paris, Ambre Reynaud, jeune metteur en scène, comédienne et fondatrice de la compagnie Je pose ça , devait se trouver au théâtre Pixel de mars à avril, pour voir le travail de plusieurs mois se dessiner sur scène. Le collectif avait prévu plusieurs représentations de l’une de ses pièces, construite sur l’histoire de la chimiste et physicienne polonaise Marie Curie. « Deux autres pièces doivent normalement commencer en mai, mais nous ne savons pas encore vraiment si elles seront annulées ou non » assure-t-elle, avant d’ajouter : « Quant au report de Marie Curie la saison prochaine, nous ne sommes pas sûrs de la disponibilité de nos comédiens. » Pour l’instant, la compagnie continue les répétitions par Skype, sans être réellement au courant de la suite.  

Cette dernière pense notamment à l’après-confinement, en cherchant d’autres solutions que les théâtres, comme intervenir dans les écoles. Puisque les lieux de représentation devraient être les derniers à rouvrir leurs portes au public, durant la période de déconfinement. Ambre Reynaud le certifie : « Nous ne savons pas vraiment si les gens vont se précipiter dans les théâtres à la sortie du confinement. » Elle évoque également les difficultés rencontrées par les lieux du spectacle : « J’ai été en contact avec les théâtres, c’est très compliqué pour eux. Ils doivent effectuer des ruptures de contrat et payer les loyers. Ce sont eux qui perdent le plus dans l’histoire, déclare-t-elle, alors que nous, finalement, on ne perd rien et on ne gagne rien non plus. » 

De son côté, le ministère de la culture se mobilise contre le confinement, en proposant une offre culturelle numérique nommée CultureChezNousÀ travers des vidéos ou des visites en ligne, publiées sur des sites référencés, elle permet d’assister depuis chez soi à des spectacles, ou de parcourir les collections d’un musée. Pourtant, Ambre Reynaud l’assure : « Le monde du spectacle est un peu délaissé, et d’un point de vue économique ce sera une catastrophe. » Au vu du déconfinement, le secteur de la culture se dirige vers une crise sociale majeure, à laquelle il devra faire face.  

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Diplômée d’un DUT information-communication, je poursuis mes études en deuxième année de journalisme.

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